2min temps de lecture   par José De Cauwer le 27 juin 2021
C’était la fin du mois d’août 1975, j’allais avoir 26 ans et je roulais pour Frisol, une équipe néerlandaise. Nous étions au départ du Tour des Pays-Bas avec deux sélections : une équipe A autour de Fedor den Hertog, l’enfant prodige selon les dires du sponsor, et une équipe B, à laquelle j’appartenais, autour de Hennie Kuiper. Peu nous importait de ne pas appartenir à la première équipe. Nous avions à l’esprit le Championnat du monde, à Yvoir, cinq jours après le Tour des Pays-Bas. Avant et après chaque étape, Kuiper et moi allions nous entraîner, discrètement, en vue de ce Championnat de monde.

360°

Voir en détail

Pourtant, je n’étais même pas sélectionné pour la course au maillot arc-en-ciel. Mais à l’époque, Kuiper et moi étions comme les deux doigts de la main. 1975 était la première saison où nous roulions ensemble dans une équipe. Notre lien solide avait pris naissance lors d’un camp d’entraînement, à Bardolino, sur la rive du lac de Garde, où nous partagions la même chambre. Avant le Championnat du monde, je savais déjà que Kuiper était excellent. « Tu peux peut-être terminer parmi les cinq premiers », lui ai-je dit. Il a réagi de manière très inattendue : « Si je peux terminer parmi les cinq premiers, je peux aussi gagner. » À cette époque, Kuiper ne multipliait pas encore les victoires. Je me suis alors dit : « Qu’est-ce qu’il lui arrive ? Le modeste Kuiper commence à prendre la grosse tête ? »

J’ai regardé le Championnat du monde à la télévision, chez mes beaux-parents, en supporter d’un Néerlandais. J’ai vu comment Kuiper a ouvert le débat : soi-disant pour Zoetemelk, mais avec beaucoup de sagesse, car Kuiper était de ces coureurs qui lorsqu’ils prennent vingt secondes d’avance, ne sont pas rattrapés facilement. Et c’est ce qui s’est passé ce jour-là, Roger De Vlaeminck vous le confirmera.

Mon beau-père aimait boire de temps en temps un verre de cognac. À la fin du Championnat du monde, il avait vidé la bouteille. Je dois dire que je l’y ai un peu aidé, car immédiatement après l’arrivée, je me suis dit : « Et maintenant ? » J’étais tout à coup devenu le « lieutenant de Hennie Kuiper », le « lieutenant du champion du monde ». C’était tout à fait nouveau.

Si un Flamand avait été sacré champion du monde, de plus en Belgique, le pays aurait été déchaîné. D’Yvoir jusque chez lui, les routes auraient jalonnées de drapeaux et de banderoles. La pression de ce maillot arc-en-ciel aurait été trop forte pour lui. Mais ce n’était pas un problème pour Kuiper. Pour lui, ce maillot était simplement la récompense d’une victoire. Ce Néerlandais avait l’incroyable sagesse des habitants de son pays. Là-bas, la course n’est pas une religion. Il est rentré chez lui et deux jours plus tard, nous étions à nouveau ensemble sur la route, pour disputer le premier d’une longue série de critériums, lui n’étant pas encore vraiment conscient que pendant une année, il pourrait épingler son dossard sur un maillot arc-en-ciel.

serviceKoers - FR

Votre navigateur ne répond pas aux exigences minimales requises pour afficher ce site web. Les navigateurs ci-dessous sont compatibles. Si vous ne disposez pas d'un de ces navigateurs, cliquez sur l'icône pour télécharger le navigateur souhaité.