2min temps de lecture   par Marc Ghyselinck le 26 juin 2021
J’avais une bonne et une mauvaise nouvelle. Le chef des sports a d’abord voulu entendre la bonne. C’était que nous venions d’avoir notre meilleure interview de Frank Vandenbroucke. Et il y en avait déjà eu beaucoup. Le chef a alors voulu connaître la mauvaise nouvelle. « L’addition », ai-je dit. Une interview de Frank Vandenbroucke, au restaurant ‘t Oud Konijntje, à Waregem, avait son prix.

Mais c’était ma faute, car j’avais laissé le choix du vin à Frank Vandenbroucke. VDB aimait le vin, les grands millésimes. Et il ne regardait pas au prix. Il a d’abord payé – bon, pour ma part, c’était mon journal Het Laatste Nieuws qui réglait la note – un Chambolle-Musigny, un excellent bourgogne rouge. Ensuite, un Rioja de 1971. 1971, l’année de naissance de Nico Mattan, qui s’était joint à nous pour les besoins de l’interview. Ne serait-ce que pour que VDB s’en tienne un peu à ce qui était convenu.

Et c’est ainsi que nous avons bu un Rioja de 36 ans d’âge. Son prix ? 490 euros. Pas facile à expliquer à un chef. D’autant que l’interview s’était déroulée autour d’un savoureux repas. Asperges, homard et foie gras en entrée. Puis, pigeon et lapin. Les choses se sont passées ainsi. Frank Vandenbroucke aimait déjeuner au ‘t Oud Konijntje. Il connaissait la carte par cœur. Alors que nous faisions notre choix, il nous a dit que le lapin était délicieux. Vraiment exquis. Impossible d’y résister. Et qu’allait-on prendre ? « Du lapin pour toi, Nico ? », a dit Frank. Nico a pris du lapin. « Et pour toi, Joeri ? » Mon collègue Joeri De Knop a pris du lapin. « Marc ? » Du lapin, ai-je répondu avec détermination. Et Frank ? Il a hésité et, après mûre réflexion, a commandé : « Pour moi, le pigeon ».

Deux ans plus tard, lors du Championnat du monde à Mendrisio, j’ai croisé Frank Vandenbroucke qui se rendait à la tente de presse. VDB n’était plus un coureur. Correction : VDB était toujours un coureur, au plus profond de ses pensées. Mais il était un coureur sans équipe. Il était venu à Mendrisio en tant que chroniqueur d’un journal concurrent. Cela lui faisait visiblement de la peine. La salle de presse n’était pas faite pour lui. Sur un vélo, dans le peloton, c’est là qu’il voulait être. « Marc, il y a toi et il y a les autres », m’a-t-il dit en guise de salutation. « Il ne faut pas dire ça », ai-je répondu. « Il n’y a personne comme toi. »

Frank Vandenbroucke. Il devait être dans le journal chaque jour. Ce mardi midi d’octobre 2007, nous avons effectivement réalisé notre meilleure interview de lui. Je ne suis pas Dieu, en tout cas pour le journal. Son livre serait publié quelques mois plus tard.

L’addition ? Le chef des sports, puis le rédacteur en chef et finalement, le CFO ont signé la note de frais. L’affaire a été réglée en dix minutes.

360°

Voir en détail

Trophée de Frank Vandenbroucke, Liège-Bastogne-Liège 1999. Cette année-là, VDB remporte la Doyenne, mais aussi, entre autres, l’Omloop Het Volk et deux étapes ainsi que le classement par points de la Vuelta.
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