Lorsque le téléphone sonne, vers 16 heures – ou était-ce un peu plus tard ? – et que l’écran me dit que c’est mon père, je décroche sans méfiance. « Salut papa », dis-je joyeusement, mais avant que je ne puisse continuer, il m’interrompt et j’entends que quelque chose de grave s’est produit. « Où es-tu ? » me demande-t-il en pleurant. « Wouter a fait une chute, ils sont en train de le réanimer », me crie-t-il. Je crie aussi, manifestement, car tout à coup, mon bureau est rempli de collègues. J’essaie d’ouvrir sporza.be, je n’y parviens pas. J’essaie alors Radio 1, mais ça ne marche pas non plus. Une panique aveugle me submerge. Je dois rentrer chez moi. Maintenant. Des collègues proposent de me raccompagner. Je leur réponds : « Non, car si ma voiture reste ici, comment vais-je faire pour venir demain ? » Incrédulité, panique, espoir, incrédulité, panique, espoir. J’appelle mon mari, je pleure, je déglutis : « Tu vas chercher les enfants ? » Je prends la route pour rentrer chez moi, en silence. Je n’ose pas écouter la radio : et si… Non, il ne faut pas y penser, ça va aller, ça va bien se terminer. Je balance entre espoir et angoisse, entre angoisse et espoir. Je m’imagine Wouter, dans quelques jours, lorsqu’il aura récupéré, raconter en fanfaronnant qu’il était presque mort et qu’il a vu la lumière blanche, et comment nous en rirons, et nous serons heureux que son ange gardien ait à nouveau fait un travail formidable.
Je vais chez mes parents et j’attends. Je n’ose pas allumer la télévision. Nous nous mettons alors à téléphoner à tout le monde. Qui sait quelque chose, qui peut nous en dire plus ? S’il vous plaît, dites-nous qu’il s’en sort. Quelqu’un ? Personne.